15 mai 2021 - Philippe Blondeau vient de nous faire part de cette triste nouvelle :
Chers amis,
Bernard Baritaud est mort le mercredi 12 mai à Bruxelles, à l’âge de 83 ans. Tous les « lecteurs de Mac Orlan » qui le connaissaient et l’appréciaient partageront avec ses proches — tout particulièrement avec son fils Marco — la tristesse de cette disparition.
Il présidait la Société des lecteurs de Mac Orlan depuis sa création il y a une dizaine d’années et, jusqu’à ces tout derniers temps où la maladie et les contraintes que l’on sait avait porté un sérieux coup à ses activités, il avait œuvré patiemment pour cet écrivain qu’il affectionnait, à qui il était reconnaissant de l’avoir soutenu lors de ses premiers essais poétiques, et qu’il considérait un peu comme un modèle. Car Bernard Baritaud était un homme de lettres à l’ancienne, voyageur, diplomate, amoureux de l’Italie, dans la lignée aussi d’un Paul Morand dont il savait pourtant brocarder l’incommensurable vanité — tentation à laquelle il prenait garde de céder lui-même. Grand connaisseur de la littérature de l’après-guerre, il aimait souligner avec malice les travers d’un milieu où l’orgueil n’est pas toujours proportionnel au talent. Gaullien plus peut-être que gaulliste, il gardait aussi de cette époque la nostalgie d’une certaine France de sa jeunesse et regardait avec une suspicion amusée les dérives de notre modernité, cultivant sa prédilection pour les Alfa-Roméo, les chemises de qualité et les chaussettes de cardinal.
Critique avisé et précis, Bernard Baritaud avait également fondé et présidait le CRAM, Centre de Recherche sur les Auteurs Méconnus, parmi lesquels il se sentait chez lui. Mais il nous laisse encore une œuvre personnelle importante, même s’il n’a pas connu la notoriété qu’il aurait sans doute souhaitée. Poète sincère et élégant, il est aussi l’auteur d’un ensemble autobiographique où se succèdent les chroniques de l’attaché culturel, les souvenirs d’enfance ou, récemment, ce beau portrait en triptyque, L’Autre rive de l’Achéron, titre hélas d’actualité mais qu’il convient de découvrir ou de redécouvrir.
Beaucoup d’entre nous ont conscience d’avoir perdu un ami bien plus qu’un simple collaborateur. La « Société des Lecteurs de Mac Orlan », se retrouve orpheline ; elle poursuivra néanmoins ses activités, ne serait-ce que par fidélité à son animateur de la première heure, auquel elle rendra prochainement un hommage mérité.
Philippe Blondeau
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