Sur
les toits de... Saint-Denis
pendant qu'on tournait
" ADIEU, LES BEAUX JOURS "
L'Alliance Cinématographique Européenne nous a conviés
à voir donner le premier tour de manivelle de : Adieu!
les
beaux jours !
C'était une bonne pensée.
L'Alliance Cinématographique Européenne nous a conviés
à prendre un cocktail sur des toits d'usines à SaintDenis.
C'était une bonne action.
Pour voir tourner la manivelle (mais au fait, où était
la manivelle ?) nous avons dû rester un quart d'heure debout
et en plein soleil. Mais pour la réception de l'A.C.E.,
avec autant de soleil – plus celui que les bouteilles emprisonnaient
– et avec aussi peu de sièges, nous étions
littéralement enchantés, car elle avait lieu en
présence de Brigitte Helm, de Liebeneiner et de Jean Gabin,
entourés des principaux interprètes du film : Henri
Bosc, Carette Tommy Bourdelle. Vilbert et Lucien Dayle.
Que fait-on lorsque l'on se trouve – publiquement, j'entends
en présence d'une vedette ? On l'interviewe ou on
lui demande une photo dédicacée, selon la catégorie
à laquelle on appartient soi-même.
Mais que fait-on lorsque l'on se trouve en présence de
tant de vedettes réunies ? Voilà qui est angoissant.
On peut à la rigueur faire des réponses valables
pour tout un groupe, mais on ne peut à coup sûr pas
poser de question se rapportant à plusieurs personnes à
la fois, à moins que ce ne soit au cours d'un « métinje »
et comme par hasard nous sommes à Saint-Denis, la plus
rouge des banlieues parisiennes. Mais il ne s'agit pas de rouge
pour le moment, car précisément Jean Gabin (à
moins que ce ne soit André Beucler,
ils paraissent inséparables) me propose un rose... (Cocktail,
bien entendu).
– Qu'est-ce que vous racontez de beau, Jean Gabin ?
– Je raconte que je tourne : Adieu ! les beaux jours !
Mais que de titre est injustifié car nous avons des jours
magnifiques en perspective : voyages en Espagne, à Berlin,
cambriolage d'une bijouterie à Paris.
– Je suis très déçue !
– Pourquoi ?
– Vous parlez français !
– Alors ?
– Alors ? alors je ne pensais certes pas que vous tourniez
la version allemande, mais je me suis laissé dire que vous
ne parliez que l'argot.
– Ben ! alors, j'vas vous expliquer le coup. Quand c'est
moi que j'jaspine j'en f... un coup d'argomuche. Et c'est pas
du gratiné, vous en auriez plein vos esgourdes. Mais ici,
c'est Beucler qui cause, alors lui,
c'est du distingue.
– C'est André Beucler
qui parle par votre bouche.
– C'est-à-dire que c'est lui qui dirige la version
française de ce film...
Et Beucler d'ajouter :
– Et ce n’est pas fini : après cela, j'ai le
projet de tourner Gueule d'amour
avec Jean Gabin, qui est le personnage rêvé.
Pendant ce temps, le personnage rêvé examine non
sans méfiance un mince sandwich.
– Mon vieux, c'est « half and half », y z'ont
f... du hareng avec de la confiture...