|  | " Sans 
                repère précis le personnage principal de ce livre 
                traverse la vie sans éprouver le besoin d'y occuper une 
                place particulière. Il adapte ses mouvements et son imagination 
                aux gestes et à la pensée supposée des autres. 
                Or, dans leurs pensées il n'y a pas de raisonnement. Il 
                suffit d'imaginer que cela pourrait être ainsi ou autrement 
                et qu'il est donc bien difficile de choisir une option précise. 
                Mieux vaut alors être insouciant et se contenter de désirer 
                plutôt que d'agir. Observer les gens persuade du vide qui 
                sépare les uns des autres et crée l'incommunicabilité.
 Le monologue intérieur est vide. Le dialogue qu'il amorce 
                parfois est plus une flânerie dans le mystère humain 
                que la recherche d'une réponse à un problème 
                posé. Torturé pourtant par le besoin de savoir, 
                il ne demande rien de peur que l'autre se rende compte qu'il voulait 
                savoir et sans doute aussi par la peur de savoir. Il estime ne 
                rien pouvoir faire dans le présent, c'est l'instant d'après 
                qu'il agira.
 Et lorsque enfin il exécute quelque chose d'important dont 
                toute la ville va parler, il voit un maçon qui, tenant 
                le journal où est relaté ce haut fait, le déplie, 
                l'étend sur le banc, y pose son déjeuner et casse 
                la croûte en sifflant. "
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