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juin - Quinze heures.
Il fait bien 35° devant la Médiathèque, pourtant
le gazon est encore vert. A l'ombre bleu des parasols, de jolies
baigneuses somnolent.
Maître nageur sur son siège haut perché
attend patiemment leur ramage.
Le
public massé sur le parvis, à l'air de jouer la
comédie des badauds assoiffés qui se rincent l'il
à défaut du gosier.
Mais
voilà que les naïades s'animent et, à défaut
d'ambre, s'enduisent de poésie et jouent à qui
mieux mieux, au lancer de mots. Elles parsèment l'air
de phrases amoureuses, puisées comme par hasard aux sources
des uvres d'André Beucler.
Soudain
voilà qu'elles se lèvent en chur, se rhabillent
avec coquetterie et viennent chercher quelques cavaliers qu'elles
conduisent par le bras, entraînant l'assistance au sein
de la Médiathèque où son directeur, Philippe
Andrey, accueille le public avec le sourire.
Car
il s'agit bien d'un spectacle " dehors-dedans ", concocté
par Patrick Plaisance, qui tient du récital poétique,
de la comédia del arte, du mime et des tableaux vivants,
saupoudré d'astuces scéniques qui permettent une
adaptation à la configuration de lieux imprévus
où l'on n'avait jamais vu ni entendu ça : Je
suis poète depuis que je t'aime !
Nous
voici maintenant assis à la bonne franquette dans un
salon de lecture d'habitude soigneusement silencieux. Nos baigneuses
ont encore modifié leurs toilettes et profitent d'un
énorme pilier cylindrique en béton pour en faire
tour à tour le tour, en nuançant d'une seule haleine
des textes de Beucler, plus longs ceux-là, tirés
pour l'essentiel d'un Nouvel Amour et de la Fiancée
rebelle.
Deux
jeunes pianistes se relayent pour ponctuer ce mini récital
d'arpèges décrochés de quelques pièces
de Claude Debussy.
Le
public est resté plus d'une heure sous le charme du magicien
Patrick Plaisance, de la fée Béatrice
Plaisance et de leurs complices Anaïs Gille, Annie
Joly, Clémence Lasme, Maïté Laurent, Alice
Lazare, Hélène Schaffner, Sophie Sun, Gilles Moine,
de la troupe de la Cotonnière.
S'il
vous plaît, conservez cette fête à votre
répertoire. On aimerait tant vous réécouter
donner chair au verbe de Beucler.
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