Vendredi
23 mai 2003, il est 20h30, au centre culturel de la Stauberie,
un public averti s'est rassemblé devant l'estrade pour
assister à une étrange expérience de poétique-fiction
dans le "pli" de l'espace-temps.
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Il
s'agit de se retro-propulser en 1955 sur la fréquence
hertzienne du Bureau de Poésie et de ressusciter,
pour un soir, l'ambiance de cette émission-culte, créée
par André Beucler.
L'enjeu
était alors d'ouvrir les ondes à tous les poètes
méconnus ou inconnus qui sommeillent dans le cur
de toutFrançais.
La "Radiodiffusion française" recevait, telles
des bouteilles à la mer, des milliers de pages qui
s'entassaient dans les archives à deux pas des poubelles.
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De
cette vaste mine, André Beucler choisit d'extraire
des pépites et de les faire dire par des artistes de
qualité (Maria Casarès, Michel Bouquet, Serge
Reggiani, Emmanuelle Riva, Pierre Vaneck, Bruno Cremer, Jean
Topart et
j'en passe bien sûr).
Le succès de ce service public fut immédiat,
et dura
vingt ans !
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Serge
Beucler
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Ce
soir, en l'élégante biblio-médiathèque
de Seloncourt, des "spatiopoètes" de l'Association
PLI revisitent cette planète éteinte de la
Poésie. Bertrand Degott balise le terrain en évoquant,
à travers des textes de Beucler, le fil conducteur qui
unit tous les poètes. Puis les voilà sept, comme
la Pléiade. Par ordre d'entrée en vol : Bertrand
Degott, Nicole Grangier, Annie Marandin, Martine Mouhot, Jean-Philippe
Cléau, Colette Redoutey, Liliane Reynal.
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Serge
Beucler, qui fut l'assistant de son père durant les premières
émissions du Bureau de Poésie, était présent,
avec son frère Roland, et a accepté de "pasticher"
André Beucler pour introduire les (trop) courts extraits
retenus ce soir, de quelques uvres de Georges Perros,
Jean Follain, William Clift, Andrée Chedid, Pierre-Jean
Jouve, Guy Goffette, James Sacré et Max Jacob.
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Mission
accomplie. Nous avons fait un beau voyage et la soirée
se termine sur deux instants forts d'émotion.
La présence de l'excellent poète venu tout exprès
de Quimper, Gérard Le Gouic, pour dire qu'il n'avait
pas oublié sa joie lorsque son premier recueil fut accueilli
en 1958 au Bureau de Poésie et deux de ses poèmes
lus alors par Lucette Veyrier.
Et, pour finir, l'envoi surprise d'une cassette sur laquelle
Michèle Beucler-Burg, l'une des petites-filles d'André
Beucler, avait enregistré, sans prévenir personne,
un très beau poème d'Annie Marandin, non
sans rapport avec l'imminente fête des mères
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Gérard le Gouic
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Avant
de quitter les lieux, auditeurs et interprètes se sont
retrouvés, un verre à la main, dans la salle
d'exposition, où, autour des panneaux remarquablement
conçus par Agnès Hubscher et l'équipe
de la Bibliothèque "Alice Boname",
voisinaient des vitrines riches de précieux documents
(reliure, autographes et manuscrits) agrémentées
de postes de radio de l'époque.
La
bibliothèque porte en effet le nom d'Alice Boname,
une cousine d'André Beucler, dont bien des Seloncourtois
gardent au cur le chaleureux souvenir. Elle avait créé
de toutes pièces la bibliothèque qu'elle tenait
bénévolement dans deux petites pièces
de la Mairie, et elle fut un pilier infatigable des uvres
d'assistance et de secours de l'église luthérienne.
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Agnès
Hubscher
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Alice
Boname
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Annie
Marandin
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