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Tout
se passe aujourd'hui comme si l'avenir était interdit, comme si,
au lieu d'aimer les choses il les fallait indéfiniment conquérir.
Et l'art de vivre consiste à savoir faire durer le présent,
à mourir pour ce présent.
A-t-elle bien compris ! Assise devant la civilisation en péril,
elle a jeté au feu ses titres de rationnement et refuse de se prêter
aux formalités relatives au recensement des locaux d'habitation.
Et quand la femme de chambre, qui n'est pas fiancée, qui craint
les coupures de courant, les visites domiciliaires, se demande tout haut
comment on vivra sans huile, sans domicile, sa maîtresse répond
qu'on vit bien sans yeux, sans famille, sans espoir.
Mais à partir d'ici la chose vaut d'être contée. C'est
un petit appartement sous les toits, dont la terrasse en longueur surplombe
légèrement une rue si pleine d'appels de trompe, de galops,
de fracas, d'événements rythmés, qu'on ne saurait
lequel choisir si, par aventure, on voulait en écouter un jusqu'au
bout. Si pleine aussi d'affiches, d'enseignes, de majuscules, qu'on ne
saurait à quelle invitation donner la préférence
si, par aventure, on acceptait le principe de faiblir.
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