|
Aucun passé n'ose se signaler. Ces craquements du bois, ce sont simplement
des trous : la solitude n'est pas encore unie. Il faut être instinctive
avec plus de profondeur, chercher quelque haute ivresse en soi-même et,
savoir demeurer insensible aux remous, d'où qu'ils viennent.
L'appartement est sans lumière. Il y a bien celle de l'extérieur, un peu
grise, et qui cède sous le poids de l'hiver. L'attente est sans devenir,
comme un cimetière. Rien ne bouge. Peut-être le kiosque du coin de la
rue, pareil à un cerveau mis à nu. On sait maintenant qu'il ne cesse de
réclamer la liberté pour l'abattre en plein jour. Ce moulin à paroles,
feuillu, chargé de champignons vénéneux, la rendra folle si elle se penche
encore. Il n'y a rien à connaître que ce qu'on pense réellement.
|